Michelet et l'histoire de la Révolution française
MICHELET
ET
L'HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE"
Messieurs, avec le cours de cette année s’achèvera l’enseignement que j'aurai eu le privilège de faire au Collège de France, grâce à la désignation dont j'ai été l’objet de la part des professeurs de cette maison, et grâce à la libérale initiative qui a mis à la disposition du Collège la somme nécessaire pour rétablir pendant cinq années la chaire occupée autrefois par Michelet. Son titre ancien: Histoire et Morale, souvent mal compris, à été modifié en celui d'Histoire générale et Méthode historique, qui répond beaucoup mieux et à ce que ce cours à été depuis sa création à la fin du xvrne siècle jusqu'à la mort de M. Alfred Maury, et à ce qu'il doit être. Je serais très heureux si l'initialive de Mme la marquise Arconati-Visconti et les leçons que j'ai données de 1905 à 1910
“pouvaient engager le Gouvernement à rétablir d’une manière définitive,
pour un titulaire plus jeune que moi, la chaire occupée avec éclat au xix° siècle par Daunou et Letronne, Michelet et Alfred Maury. En tous cas la chaire temporaire que j'ai eu l'honneur d'occuper aura eu cette heureuse conséquence de faire introduire la Méthode historique parmi les matières enseignées à l'Université de Paris, et le professeur distingué qui a été chargé de cet enseignement continuera certainement à unir, aux cours spéciaux exigés par le litre de sa chaire, des cours d'histoire générale, tels qu'il en professe depuis de longues années. Aussi bien la méthode historique ne saurait-elle s'enseigner avec fruil pendant longtemps comme une discipline à part, abstraite en quelque sorte, et séparée, soit de l'histoire générale où elle trouye son application pratique, soit de l'étude eritique des grands historiens et des procédés de méthode qu'ils ont employés. Je reconnais néanmoins qu'il y à un intérêt considérable à étudier en eux-mêmes les efforts qui ont été faits depuis un siècle et demi, d’abord pour élaborer une philosophie de l'histoire au sens le plus général du mot, puis pour constituer, sur des bases plus précises et plus scientifiques, une théorie de l'histoire, qui arrive à en déterminer la nature et l’objet, le domaine et les limites, les procédés
(1) Leçon d'ouverture du cours d'Histoire générale et Méthode historique, 1909-1910.