Mirabeau
el poele
père, suivant ses expressions, trouvant que c'était trop, « ne tarda pas à le sevrer de Versailles pour le jeter dans les bibliothèques ». Il travaille et bouquine, écrit-il en 1771, comme un forcené qu'il est, comme il fait tout ; plus tard il lui confie diverses missions à remplir dans ses domaines, l'envoie à la fin de cette année à Mirabeau pour régler des affaires avec ses vassaux, tâche dont le jeune homme s’acquitte x merveille.
Ce fut pendant ce séjour à Mirabeau qu’eut lieu le mariage de ce jeune homme, alors âgé de 23 ans, avec une riche héritière, Me de Couet, fille unique du marquis de Marignane. Il semblait que ce mariage dût améliorer sa position ; mais comme le beau-père, quoique riche, ne donnait qu'une assez faible rente, et que le père ne donnait aussi qu'une rente insuffisante à son fils déjà criblé de dettes et naturellement fort dépensier, il ne fit qu'aggraver sa position. Aussi Mirabeau dut-il quitter bientôt le séjour dispendieux d'Aix pour se retirer dans la solitude du château paternel; mais là, chapelain, régisseur et fermier Pengagèrent dans de nouveaux embarras ; sur quoi son père s’élant pourvu d’une nouvelle lettre de cachet, s’en servit pour lui ordonner de quitter le château et de se retirer dans la petite ville de Manosque.
Interné dans ce bourg par un acte d'autorité arbitraire, Mirabeau employa les loisirs de son exil à écrire un Essai sur le Despotisme. Sa haine du régime politique, dont il était le témoin indigné et la peu patiente victime, s'était amassée et bouillonnail dans son âme, et il l’exhalait dans ce livre éloquent. Bien qu'il n'ait pu le publier que plus tard (pendant son séjour en Hollande), j'en veux placer ici l'analyse pour montrer quelles idées et quels sentiments fermentaient déjà dans ce jeune cerveau au moment où nous sommes arrivés. En s'adressant, quelques années après au libraire hollandais Rey pour lui proposer d’im-