Mirabeau
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de ses critiques, on peut dire que la division adoptée conserve encore beaucoup trop le caractère qu’il reprochait au projet primitif de lui avoir donné. Il aurait voulu d’ailleurs un nombre encore plus grand de départements. Il en avait demandé jusqu'à 120, pensant que si les départements étaient trop grands, « l'administration y serait, par cela même, concentrée en très peu de mains, et que toute administration concentrée devient bientôt aristocratique ». Par suite de cette crainte il exagérait encore le système d’éparpillement qui était et qui est resté un des défauts de la division adoptée. Quelle que füt d'ailleurs la valeur de ses critiques, il importe de remarquer que l’organisation politique et administrative à laquelle cette division servit de cadre n'avait rien de commun, que ce cadre même, avec celle que Bonaparte établit plus tard en remplaçant l’autorité collective des directoires de départements et districts par l'institution des préfets et des sous-préfets ; c’est-à-dire en revenant, sous d’autres noms, aux intendants et aux subdélégués de l’ancien régime, et en faisant ainsi rentrer dans le nouveau cadre créé par la Révolution le vieux système qu’elle avait détruit.
Parmiles nombreuses questions qui occupèrent Mirabeau dans sa carrière législative, il faut placer celle qui concerne latraite des nègres. Sur cette question, Mirabeau se montre, comme toujours d’ailleurs, le défenseur des opprimés de l'espèce humaine. Déjà, dans un débat relatif aux colonies, qui avait eu lieu deux mois après l'ouverture des États généraux (3 juillet 1789), et où avait été traité cette question : le droit de représentation doit-il être donné aux COlonies, Mirabeau, qui s'était constitué l'avocat de la représentation coloniale, avait, en même temps, réclamé en faveur des noirs et des hommes de couleur, arbitrairement exclus des assemblées électorales par les colons de Saint-Domingue.