Mirabeau

A

guerre. Il est une seule objection insoluble qui se retrouvera dans tous les systèmes comme dans le mien, et qui embarrassera toujours les diverses questions qui avoisineront la confusion des pouvoirs ; c’est de déterminerles moyens d’obvier au dernier degré de l'abus. Je n’en connaïs qu’un ; on n’en trouvera qu’un, et je l’indiquerai par cette locution triviale et peut-être de mauvais goût que je me suis déjà permise dans cette tribune, mais qui peint nettement ma pensée ; c'est le tocsin de la nécessité qui seul peut donner le signal quand le moment est venu de remplir l’imprescriptible devoir de la résistance, devoir toujours impérieux quand la Constitution est violée, toujours triomphant quand la résistance est juste et nationale. »

Cette théorie provoque de la part de l’Assemblée des äpplaudissements auxquels se mêlérent des marques d’improbation très énergiques. Barnave se fit l'organe de l’opposition du parti radical. Des pamphlets furent publiés à cette occasion contre Mirabeau, qui fut dénoncé aux vengeances populaire comme traître et renégat. Un de ces pamphlets portait pour titre : Grande trahison du comte de Mirabeau. Une seule phrase montrera le ton et le style de cet écrit : « Prends garde, écrivait le pamphlétaire, en s’adressant à l’orateur, que le peuple ne fasse distiller dans ta gueule de vipère cet or dont tu as soif ; prends garde que le peuple ne promène ta tête, comme il a porté celle de Foulon dont la bouche était remplie de foin. Le peuple est lent à s’irriter, mais il est terrible quand le jour de sa ven: geance est arrivé; il est inexorable, il est cruel ce peuple, à raison de la grandeur des pertidies, à raison des espérances qu’on lui fait concevoir, à raison des hommages qu’on lui à surpris. »

Ainsi attaqué, diffamé à la fois par l’opposition aristocratique, et l’opposition dirigée par Barnave, Mirabeau eut