Napoléon Bonaparte, drame en six actes et en vingt-trois tableaux
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LE GRAND PARENT, Nous les aurons, mon ami, nous les aurons.
LABREDÈCHE , à part. Il m'a appelé son ami, Son ami! un homme qui voit tous les jours le roi face à face !.. (vec enthousiasme,) Ah ! monsieur le grand-maître ! oui, le bon tems va revenir! D'abord, monsieur le colonel, j'espère bien qu’on ne se battra plus l’hiver; on prendra ses quartiers depuis le mois de septembre ou d'octobre jusqu’au printems.. Quant à nous qui avons émigré, car j'ai émigré, moi, madame, un des premiers même , On nous rendra nos biens que des spoliateurs. L’ABBÉ. Et ceux du clergé, j'espère!
LABREDÈCHE, Comment donc ! mais certainement ; chaque évêque rentrera dans ses droits de vasselage ; chaque.
LA PETITE COUSINE. Ma tante, qu’estce que c’est que Le droit de vasselage ?
LA MARQUISE. Chut donc, petite! Vous faites des questions d’une inconvenance…
LABREDÈCHE. Chaque évêque aura mille paysans , chaque curé sa dîime, et le plus
LE MAGASIN FHÉATRAL. È
petit abbé ses six mille francs de rente,
rien que pour dormir, et le double s’il ronfle…
LE GRAND PARENT. Ah! monsieur ; ce tems est encore bien éloigné.
LABREDÈCHE. Nous y touchons, monsieur, nous y touchons! Voyez la Quotidienne , la Gazette, journaux bien estimables! petit à petit om fait des empiétemens sur la révolution. La titus commence à être de mauvais ton; l’aile de pigeon reprend faveur, et la queue pointe imperceptiblement... Quant à ces dames , ellés, ont toujours été de l'opposition : elles n’ont pas quitté le rouge.
LA MARQUISE, se levant. Messieurs , si vous voulez passer au salon , le café nous y attend.
LABREDÈCHE, Madame la marquise !
LAFEUILLADE, Ma petite cousine !
LE GRAND PARENT. Ma chère sœur !
LA MARQUISE, L’abbé , apportez Cocotte. L'abbé prend la perruche sur son bâton et ferme la marche.—Le théâtre change. 8
LAC0T00SCPOPDODO POP COOCONCETOCDENNE CCC OC CELCCODODOCOPOLO SO COB SOS ELEC 0000009 Dix-lleuvième Tableau.
a: >» Le pont du vaisseau,
SCENE XI. NAPOLÉON , BERTRAND, LORRAIN,
UN SECRÉTAIRE, Caprraie, Marerors
NAPOLÉON. Monsieur chal!
BERTRAND. Sire….
NAPOLÉON. Je vous ai remis ayant de partir de l’île d'Elbe un paquet cacheté,
BERTRAND. Le voici,
NAPOLÉON. Il contient deux proclamations que j'ai rédigées d'avance. Mettezvous à cette table avec mon secrétaire , et faites-en des copies.
(Le secrétaire et le grand-maréchal s’asseyent.)
LORRAIN , faisun£ passer sa tête par les écoutilles. Pardon, sire ; excuse, sire.…. ce n’est que pour deux mots.
NAPOLÉON. Parle, mon brave.
LORRAIN. Voyez-vous, sire, nous sommes quatre cents dans l’entrepont, où on ne peut tenir que cent cinquante ; ça fait que nous sommes un peu gênés…
NAPOLÉON. Du courage, mes braves ; la traversée ne sera pas longue maintenant.
LORRAIN. Quand je dis un peu, c’est une manière de parler : nous sommes génés beaucoup... je leur ai bien donné un moyen : c’est de se coucher les uns des-
le grand-maré-
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sous et les autres en travers ; maïs c’est à qui ne voudra pas être dessous.
NAPOLÉON. Eh bien ?
LORRAIN. Eh bien! ils demandent à prendre un petit peu d’air sur le pont, parce qu’ils étouffent.. Oh !... ma parole d'honneur, c’est qu'on étouffe là-dedans. Tenez, en voilà qui sont plus pressés que les autres, et qui passent leur tête.
NAPOLÉON, à part. Pauvres gens! (Haut.) Mes amis, pour nous tous il est important qu'on prenne ce navire pour un bâtiment marchand , et cela serait impossible si vous étiez tous sur le pont ; mais que la moitié de vous sorte quelques instans, et l’autre moitié lui succédera.
Tous. Vive l’empereur !
(ls sortent.)
UN MATELOT, dans les haubans. Une voile ! une voile!
NAPOLÉON. Vient-elle sur nous ?
LE MATELOT. Droit vent arrière,
NAPOLÉON. Quelle est-elle?
LE MATELOT. Brick.
NAPOLÉON. Ârmé en guerre?
LE MATELOT. Oui.
NAPOLÉON. Quel pavillon ?
LE MATELOT. Français,
NapOLÉON, Le reconnais-tu ?