Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DU TRAITÉ DE TILSITT À LA BATAILLE DE WAGRAM. xxx

Ce n'étaient assurément pas les avis du roi de Hollande qui devaient arrêter Napoléon sur la pente fatale où il était entraîné. Un moment Louis espéra que de l’entrevue qui eut lieu à Erfurth, entre les souverains de France et de Russie, sortirait cette paix si nécessaire à l’Europe (1). Mais la lettre collective que les deux empereurs adressèrent dans cette intention au roi d'Angleterre ne produisit point de résultat. Les choses restèrent ce qu’elles étaient, aggravées de la perspective d’une guerre prochaine sur le continent. Cette perspective devint bientôt une certitude. Dès le mois de février 1809, Napoléon demandait à son frère l’état de ses troupes, afin que, dans les arrangements généraux qu'allait nécessiter la guerre probable avec l'Autriche, il pâût juger de ce que la Hollande aurait à craindre d’un débarquement d’une armée anglaise à la saison d’été, et de ses moyens pour le repousser (2). Le calcul était aisé. Réduites, par nécessité d’économie, depuis la paix de Tilsitt, les troupes de Louis comptaient environ 25,000 hommes, dont 12,000 se trouvaient en Allemagne et 3,000 en Espagne; il ne restait en Hollande que 3,000 hommes de la garde du roi, plus 6,000 hommes qui, pour la moitié, étaient aux hôpitaux (3). En adressant, le 26 février, ces renseignements à l’empereur, Louis le priait de lui renvoyer ses troupes, tout au moins celles d’Allemagne, disant que la Hollande, aussi peu défendue, se trouvait fort exposée, et qu'il était de toute impossibilité d’augmenter les armements. « Je reçois votre lettre du 26 février,

(1) Louis à Napoléon, 25 septembre 1808, p. 184. Napoléon, arrivé le 27 septembre à Erfurth, peu d'heures avant l’empereur Alexandre, en repartit le 18 octobre suivant pour retourner à Saint-Cloud.

(2) Napoléon à Louis, 21, 22 février 1809, p. 193, 194.

(3) Louis à Napoléon, 26 février 1809, p. 194.