Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État, str. 28
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le privilege qu'ont les membres du parlement de n’êtré foumis qu'à la jurisdidtion de leur chambre pour ce qu'ils difent dans fon enceinte, ne s’érend pas à cequ'ils écriroïient & feroient imprimer hots de fon fein. Tout le monde connoît la critique amere faite, il y a plufeurs années, par un membre des communes, d’un difcours du roi au parlement : fi fon auteur l'eûr débitée au milieu des. communes , il eût été hors de l'atteinte des tribunaux ordinaires ; il l’avoit écrite & publiée hors du parlement ; le procureur-général le pourfuivit. Enfin, croyez-mOi) CE titre glorieux dé membre du parlement Britannique n’a jamais été la fauvegarde d’un calomniateur ; & fur cette terre claffique de La liberté ( car vous difiez vrai ce jourlà) iln’y a pas un feul individu qui puiffe zmpunément déclamer contre un autre, qui puifle, fans avoir à répondre de rien, & à qui que ce loir, attacher le mot de crime à Vaétion d’un autre, troubler le repos, défoler la famille, entacher l'honneur , expoier la liberté & la fureté d’un autre.
Otez de votre fyftème l'impunité de la calomnie, ôtez ce qui en eft le principe , le prétendu devoir d'un ouf dire cu d’un foupcon ; fuires difparoître ce mor odieux de dei lation ; confacrez la fuiveillance des bons citoyens fur les mauvais, & l’accufation publique des vrais délits publicss ayez, avant tout, une loi qui dife bica clairement ce que c’eft qu’un délit public, ce que c’eft qu’un crime. de lefe-nation ; car, jufqu’à ce que vous les ayez définis, vous mavéz pas le droit de les punir; & ce fyflème va devenir le mien : mais ce ne fera plus le vôtre.
J’AT REMPLI un grand devoir. Vous-même ne pouvezvous méprendre à mes motifs. Je ne puis avoir contre vous d’animofité perfonnelle ; je fuis fourd à l'ambition; je crains plutôt la célébrité que je ne la défire, & ma plume répugne à fe tremper dans le fiel. Je n’ai donc pu éder qu'a un grand objet d'intérêt public. Vous dominez par la terreur. Les efprits foibles font fubjugués. Les gens vertueux craignent eux-mêmes de vous irriter, & fe méfiant de leurs forces, ou fe croyant fans efpérances, ils fapportent ce ue vous ofez, &ipour ne pas vous. faire ofer davantage. Ce genre de pouvoir eft un fcandale, elt un fléau, & vous en avez porté l’abus à fon comble. Vous, qui n'avez été acculé par perfonne, vous vous êtes fait