Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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SUR LA PÉTITION DE LA COMMUNE DE PARIS. 89

reviser et scrutiner de nouveau toute la Convention nationale.

I faut distinguer ici des choses que l’on confond sans cesse : la volonté du corps politique et l'instrument du corps politique. Cette distinction vous démontrera

comment Vous ne pouvez, sous aucun rapport, en {ant

que Convention nationale, agiter votre dissolution, ou votre refonte, ou votre épuration, ni en présenter l'initiative ; et comment chaque partie du souverain possède non seulement la faculté de cette initiative, mais encore’ la faculté de prononcer définitivement sur votre dissolution ou réfection totale ou partielle, à la charge de réformer sa volonté sur celle dû souverain, c'est-à-dire sur celle de la majorité du peuple ; mais ce n’est pas à vous à vous saisir de cette opération, ni à déterminer le mode de son exécution. Entre le souverain et ses parties, il ne peut y avoir d’intermédiaire, et vous, Convention, moins que tout autre chose. Une ou plusieurs assemblées primaires sont des portions incréées du souverain; et vous êtes, vous, Convention, l'ouvrage du souverain. Qu'y a-t-il de commun ici entre lui et vous? Les ressorts qui vous constituent, le mouvement qu’il vous a imprimé, peuvent agir sur toutes les choses du corps politique, hors sur lui. Le souverain doit être ici comparé à l'Être suprême, dont chacun des attributs a l'initiative pour mettre en jeu sa toute volonté; mais qu'aucune de ses créatures n’a la faculté de mettre en mouvement.

Concevez done que l’acte de la commune de Paris n’est pas une pétition, mais un jugement qu’il vous a signifié; la force virtuelle de ce jugement dépendra de la majorité des autres parties intégrantes du souverain.

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