Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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SUR LA PÉTITION DE LA COMMUNE DE PARIS 93

Oui, sans doute, la commune de Paris n'est pas le souverain ; la commune de Marseille n'est pas le souverain; mais ce sont d'excellentes et solides portions du souverain. Or, je dis, ou la souveraineté du peuple est un être de raison, ou elle est réelle. Sielle est un être de raison, pourquoi done tant nous en parler ? Pourquoi nos publicistes ne nous disent-ils pas franchement que c'est la Convention qui est le souverain, comme le projet de convocation semblerait l'indiquer ? Si, au contraire, celte souveraineté est réelle, elle est active. Si elle n’est pas active dans le gouvernement, elle l’est du moins dans la création de ses représentants. Or, c'est précisémentle point dont il s’agit ici. Si la souveraineté du peuple est active et immédiate dans ce point, il est incontestable que cette action doit se manifester d’une manière sensible. Comment cette manifestation sensible sera-t-elle produite, si ce n’est par le vœu successif de toutes les parties divisionnelles du souverain? Pour que ce vœu successif puisse se manifester, il faut donc que l'une de ses parties soit la première à proposer la queslion et la première à émettre son vœu : cette initiative est incontestable. Serait-ce que, pour que la Convention pût avoir égard à la volonté du peuple souverain, il faudrait que la même pensée, la même proposition, le même vœu fût à la fois manifesté spontanément, le même jour et à la même heure, par les 85 départements? Il semblerait que c'est là effectivement la conséquence de cette dénégation perpétuelle des droits du peuple dans chacune de ses portions ; le ridicule de cette

les conseillers à mesure qu'ils arrivaient, el finissait par juger tout seul. (Note de Fabre d'Eglantine.)