Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

94 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

doctrine est trop saillant pour qu'il soit besoin d’en développer toute la dérision.

Je crois avoir prouvé que vous n'avez pas le droit de convoquer les assemblées primaires. pour leur proposer la revision de la Convention; que la commune de Paris ne vous a pas présenté une pétition, comme commune, mais qu’elle vous a notifié une volonté, comme portion du souverain, volonté toutefois subordonnée à la majorité du peuple français; qu'elle a eu le droit de faire un tel acte, et qu’en cet acte, comme en toute autre matière de souveraineté créatrice, elle a l'initiative par droit de nature et de raison, comme l'ont toutes les autres portions divisionnelles du peuple. Il résulte donc évidemment que vous n’avez aucune faculté comminatoire, ni aucun droit de répression contre un tel acte, et qu'un décret de censure ou d’improbation sur cet objet serait non seulement attentatoire à la souveraineté du peuple,

. mais complètement absurde.

Après avoir examiné la nature dé l'acte dont il s’agit, je vais en discuter le fond. Je vais dire en quelle circonstance, pour quels motifs et dans quel dessein la commune de Paris a jeté ce vœu pénible, mais fermement résolu, dans le sein de la république.

L'une des choses qui provoquent le plus mon indignation, et qui me causent chaque jour un étonnement nouveau, c'est la colère de certaines personnes contre ces mouvements d'âme, contre ces gémissements chaleureux que laisse échapper le peuple, partout où la patrie souffrante et malheureuse, trahie et déchirée, se présente à son imagination. Le modérantisme orgueilleux et froid, exigeant et dur, entre en convulsion dès que le eri du peuple se fait entendre. Le modérantiste,