Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

SUR LA PÉTITION DE LA COMMUNE DE PARIS 93

c'est-à-dire le feuillant, c’est-à-dire l'aristocrate moderne, ne veut pas que le peuple ait des sensations ; on dirait que, combinant déjà les iniquités qu'il médite, il veut d'avance étouffer les plaintes qu'il causera. Et dans quel temps le peuple a-til eu plus qu’aujourd'hui le droit d’exhaler sa douleur? Dans quel temps a-tileu plus de raison de murmurer contre les ennemis de la patrie ? Dans quel temps a-til dû manifester ouvertement ses vœux de réprobation, si ce n’est à l'époque où tous les fléaux, tous les tyrans, tous les esclaves et tous les traitres sont réunis pour détruire la liberté.

Dans quelle situation, en effet, sommes-nous ? Jamais les annales du monde n’en offriront de plus terrible.

Des bornes de l'Europe vers le Midi, jusqu'aux Pyrénées, un pays aussi vaste que l'Europe se convre

-_ de soldats armés contre nous: une marine formidable

s'y dispose, pour ruiner notre commerce : des prêtres, Espagnols, Portugais et Français désespérés, y réveillent les fanatismes religieux et monarchique, et accaparent les trésors qui doivent payer notre perte. L'Italie pous présente le même tableau; les fourberies de la cour de Rome et la rage des tyrans ont poussé sur nos frontières des Alpes et du Var les armées réunies de la Lombardie et du Piémont. La Suisse, en apparence moins hostile, nous présente cependant un front assez menaçant pour nous forcer à des mesures de prudence sur la ligne qui s’étend depuis Genève jusqu'à Huningue. Des extrémités du nord jusque sous le canon de nos places du Rhin et de l'Escaut, plus de cinquante tyrans, grands et petits, ont ramassé cinq cent mille satellites, pour porter le fer et le feu, le carnage et la