Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

96 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

dévastation dans notre malheureuse patrie. Entre le nord et l’ouest, l'Angleterre, ou plutôt le perfide cabinet de Saint-James, déploie toutes les forces navales et menace nos côtes ; tandis qu’il vomit contre nous et sur nous la calommie, la division, la haine de parti et la guerre civile, la partie de l'ouest est déchirée par l'effet exécrable de cette guerre civile ; de sorte que la France est environnée de la haine, de la perfidie et des armes de toute l'Europe. Ce n’était pas encore assez: les tyrans, l’orgueil, l'ambition et tous les vices ont corrompu presque tous ceux à qui nous avions donné notre confiance. Nos généraux nous ont trahis, des milliers de patriotes ont arrosé la terre de leur sang, et trop souvent de leurs larmes, en se voyant assassinés par la trahison : les finances dilapidées ont plus ajouté à nos malheurs qu’elles n'ont pourvu à nos besoins; Îles hypocrites ont empoisonné l'opinion publique; les machiavélistes ont saturé de soupçons l’âme des gens de bien, fatigué la bonne foi des amis de.la liberté: diffamé l'énergie des cœurs républicains; et tandis que dans le secret des conciliabules ils opéraient tous ces moyens de trouble et d'anarchie, ils ont feint, les perfides, de s’apitoyer sur les maux qu’ils engendraient, et d'en rejeter la cause sur leurs victimes. Telle est, et pire encore, la situation épouvantable où nous ont réduits les tyrans, leurs continuateurs et leurs suppôts. Cependant, à fruit admirable du saint amour de la liberté ! cependant, au milieu de tant de maux et de désastres, la France, robuste et fière, lève toujours un front courageux ; elle sent baïtre toujours en elle ce cœur républicain, plein de sang, de chaleur et de courage ; elle renouvelle, en cris plus aigus et plus intré-