Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

98 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

quand on les serrait dans des questions plus voisines. Je ne les accuse ni ne les absous encore de ces énormes complots; mais je justifie Pacte de la commune de Paris contre les meneurs des vingt-deux, en les accusant de feuillantisme et d'ambition, de soif de dominer et de haine pour l'égalité; en les accusant d'avoir voulu et de vouloir flatter le peuple «et ses défenseurs, pour se créer un empire et une influence inamovible dans- l'Etat, et de sacrifier la patrie au désespoir de n'avoir encore pu réussir.

Les meneurs s’avisent de traiter de haut en bas la commune de Paris sur sa clairvoyance et son indignation. J'ose prendre ici la parole pour la commune, et je leur dis: :

« Depuis longtemps votre projet n’est autre que de dominer ; peu vous a toujours importé que vos moyens d’ambition fussent des rois, ou généraux, ou des valeis, pourvu que ce ne ft pas le peuple. Vous avez toujours et avec acharnement soutenu et protégé tout ce qui, par sa nature, était en sens inverse de l'esprit populaire. Montrez-moi les actes, les discours, par lesquels vous ayez positivement manifesté votre amour pour le peuple. Vous avez régenté quelquefois le peuple; vous avez même quelquefois cherché à le caresser, mais vs caresses portaient alors ce caractère de répugnance et de sécheresse aristocratique auxquels on n'a jamais pu se méprendre.

« Votre système de patriciat bourgeois a toujours percé dans vos paroles et dans vos œuvres, vous ne voulez pas vous mêler avec le peuple; en un mot, voici voire doctrine: Le peuple, selon vous, n’est bon qu'à produire | des commotions nécessaires ; le peuple, après avoir