Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

100 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

approche, ce n'était que pour vous ménager tout juste assez de mouvement populaire pour effrayer la cour et l’amener à vos fins.

« La négociation de Gensonné et Guadet, avec la cour, par Bose et Thyéry, trouve ici sa place.

« N'est-ce pas vous, Brissot et vos amis, qui avez reculé la révolution du 10; déjà même, dès le 11? Le 19, 13, 14 et jours suivants, étiez-vous occupés des trahisons de Lafayette, de l’approche des Prussiens, de la pénurie de nos armées, de la disette d'armes et d’approvisionnements, de la prise de Longwy, du ravage de nos frontières? Non, vous laissätes ce soin à Danton, si criminel à vos yeux pour avoir si bien opéré, si épouvantable à vos yeux de sa popularité infuse et pratique, vous laissâtes à Danton le soin de conjurer l'orage. Vous ne vous occupâtes, vous, que du conseil de la commune de Paris; c'était là votre Méduse, votre hydre, votre épouvantail. Le char du peuple était trainé par elle avec fracas et rapidité; les débris du trône s'écrasaient sous sa marche, et vous redoutiez à la fois, et l'anéantissement de ces débris, et la force qui les écrasait. Qui ne vous a pas vus, agités, éperdus, courant çà et là au moindre petit arrêté de cette commune révolutionnaire? Alors survint la grande motion de Vergniaud pour tuer cette commune. Dans ce désespoir où vous étiez, Roland et Clavière ne virent d'autre ressource que de feindre la peur ou d’obéir à la peur que leur inspiraient les Prussiens; ils proposèrent de s’en aller. Kersaint, frais échappé de Sedan, prouvait mathématiquement qu'avant quinze jours Frédéric-Guillaume souperait aux Tuileries. Je l'ai vu, cet instant terrible de votre pusillanimité et de la