Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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174 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

réforme de l'ère vulgaire. Nous ne pouvions plus compter les années où les rois nous opprimaient, comme un temps où nous avions vécu. Les préjugés du trône et de l'Église, les mensonges de l’un et de l’autre, souillaient chaque page du calendrier dont nous nous servions. Vous avez réformé ce calendrier, vous lui en avez substitué un autre, où le temps est mesuré par des calculs plus exacts et plus symétriques; te n’est pas assez. Une longue habitude du calendrier grégorien a rempli la mémoire du peuple d’un nombre considérable d'images qu'il a longtemps révérées et qui sont encore aujourd’hui la souree de ses erreurs religieuses ; il est donc nécessaire de substituer à ces visions de l'ignorance les réalités de la raison, et au prestige sacerdotal la vérité de la nature. Nous ne concevons rien que par des images : dans l'analyse la plus abstraite, dans la combinaison la plus métaphysique, notre entendement ne se rend compte que par des images, noire mémoire ne gs’appuie et ne se repose que sur des images. Vous devez donc en appliquer à votre nouveau calendrier, si vous voulez que la méthode et l’ensemble de ce calendrier pénètrent avec facilité dans l’entende-

_ ment du peuple et se gravent avec rapidité dans son

souvenir. Ce n’est pas seulement à ce but que vous devez

tendre : vous ne devez, autant qu’il est en vous, laisser’

rien pénétrer dans l’entendement du peuple, en matière d'institution, qui ne porte un grand caractère d'utilité publique. Ce vous doit être une heureuse occasion à saisir que de ramener par le calendrier, livre le plus usuel de tous, le peuple français à l’agriculture. L’agriculture est l’élément politique d’un peuple tel que nous;