Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

À x

6 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

quelques réflexions sur la mesure proposée par M. Danton‘. ;

M. Lafayette, mandé à la barre de l’Assemblée nationale, échappera à ce mandat. Il commandera ou il fera commander une attaque; et c’est ainsi qu’il voudra rendre sa présence nécessaire à l’armée. Mais un moyen qu'il emploiera avec succès, c'est qu’il se fera retenir, c’est qu’on se jettera à ses pieds. Il voudra se rendre, et on ne le lui permettra pas; ce sera un triomphe.

Une autre observation, plus importante, est celle-ci. Je vous prie de faire attention au moment où cette lettre a été écrite : il est certain que cette lettre a été datée depuis son arrivée, On la tenait en poche; elle devait

‘ faire naître un incident au milieu de la désorganisation

du ministère qui était préparée. Je vous annonce que demain il en paraîtra une de M. Lückner, une autre de M. Lamorlière*. Tout ceci était coucerté pour confier le gouvernement à un nouveau ministère; et pendant que ce plan se mettait à exécution, on donnait à l’Assemblée nationale cette lettre à ronger. En divisant l’atten-

1. Danton avait dit : « J'ai un grand moyen pour rendre vaines ses opérations : c'est de décréter que M. Lafayette sera tenu tout simplement de se rendre à la barre de l'Assemblée nationale. Remarquez bien iciquel sera l'avantage qu'on pourra tirer du rôle que sera forcé de prendre Lafayette. Ou il obéira, où il n’obéira pas. S'il n’obéit pas, ses partisans n'oséront pas prendre sa défense. Pas de doute alors qu’il ne passe chez nos ennemis. Dans le cas contraire, et si Lafayette, ayant l'insolence de compter sur ses parlisans, se rend à Paris, alors il tombe à la discrétion du corps législatif et de tous les patriotes. »

2, Lückner et Lamorlièrée commandaient chacun une des quatre armées alors massées sur les frontières. Lafayette et Montesquiou commandaient les deux autres,