Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

PRÉCIS APOLOGÉTIQUE 283

que par la sécurité qui a pu être inspirée au coupable de ce crime.

Ce qui me le fait penser, c’est un fait qui, quoique léger dans son aperçu, devient ici très important. Il a peut-être fait tout découvrir. Il prend sa source dans ma bonne foi. et j'en suis la victime; qu'il serve du moins à ma justification. Ce fait, le voici.

Quelques jours après que Chabot m'eut présenté de grand matin la copie au net du projet de décret à signer, et qu'il m’ent alors renouvelé, en termes très exprès, l'assurance de l'humeur et de la colère que Delaunay avait conçues contre moi, comme je montais les bancs de, la Convention, mes yeux rencontrèrent Ceux de Delaunay qui me cherchaient, et qui ne me dirent pas que Delaunay fût aussi courroucé contre moi que Chabot avait voulu me le faire entendre. Je saluai Delaunay d’un coup de tête, et lui dis, en passant, Ces paroles -ci, qu'il faut bien observer : Hé bien! quand présentes-iu le projet de décret? Comme j'avançais vers la Montagne, je n’entendis pas ce qu'il me répondit; mais je me souviens qu'avec un air de surprise il voulut me dire . d’abord une chose, et qu'il se reprit comme pour m'en

dire une autre. Ses paroles ne m’offrirent aucun sens déterminé, parce que j'avançais, je le répète, et que ma démarche n'était autre chose que cette prévenance que l’on a pour un collègue à qui l'on est fâché d’avoir inspiré quelque haine. Ge fait est aussi rapporté dans ma déclaration au Comité de sûreté générale”.

- Maintenant je concois combien la surprise de De_launay dut être grande de m’entendre dire : « Hé bien!

1. Voir en effet plus haut, p. 251.