Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

292 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

manœuvre de Delaunay, non seulement gît en fait, mais tombe encore sous les yeux d'une manière évidente. Car, était-ce pour me faire embrasser les intérêts de la nation au détriment des administrateurs, que les fripons voulaient me donner cent mille francs ? Or, puisque les cent mille francs étaient là tout prèts, puisqu'ils sont en preuve matérielle, malgré la dénégation de Delaunay, puisque Chabot dit, dans sa dénonciation écrite, qu'il doit me rendre justice, que je me suis comporté, dans cette affaire, en ‘homme infiniment probe, ete., et que Chabot n’a pas vu le moindre jour à me proposer les cent mille francs, comment se ferait-il que mes corrections se trouvassent antinationales et altérantes, et que ce füt le texte pur de Delaunay, qui. sacrifie, lui et consorts, cent mille francs; que ce fût, dis-je, ce texte pur de Delaunay qui se trouvât le projet par excellence, civique, désintéressé, et qui devait rester inaltérable ? L’absurdité, je pense, ne peut aller plus loin.

_ Quesi l'on me dit que c'était le projet de décret de la commission, et non celui de Delaunay, je réponds par un fait. Chabot, en me requérant, m'a dit : Chabot déclare par écrit que Delaunay était l'auteur et le rédacteur du projet. Or, jugez du sens de ce projet par les cent mille francs, et par mon combat à la tribune contre lui. Bien plus, tous les membres de la commission étaient de l'avis de Delaunay; et à la Convention et au Comité, moi seul j'étais opposant; moi seul, je l'aurais été ; il était donc bien naturel, il devait donc me paraitre très simple que Chabot vint me demander, au nom de la commission, mon avis, mes corrections sur ce projet de décret. D'ailleurs, laissons