Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

PRÉCIS APOLOGÉTIQUE 293

à part les chicanes de procureur, soyons de bonne foi, et voyons ce que c'était que l'opinion collective de la commission des cinq, et si les signatures et les adhésions n’en sont pas toutes aussi isolées que la mienne, et en travail de conciliation ambulante par le ministère de Delaunay et Chabot. D'abord voilà Cambon qui signe isolément entre les mains de Delaunay, qui va le trouver (c'est Cambon qui me l’a dit), et qui corrige aussi le décret: en voilà un. Vient ensuite Delaunay, auteur et rédacteur du projet, et grand intéressé à ce projet : en voilà deux. Paraît ensuite Chabot, qui vient requérir mon avis au nom de tous : en voilà trois. Me voilà ensuite, moi, aussi disjoint que les autres, qui signe et opine sur la réquisition de Chabot, comme Cambon avait signé et opiné sur la prière de Delaunay :

en voilà quatre. Reste Ramel, qui a signé je ne sais quand ni comment, ni à la réquisition de qui. Serait-ce donc que Ramel constituerait à lui seul le corps de la commission ? Et les autres membres sollicités par euxmêmes, n’avaient-ils pas aussi leur droit d'opinion ? N'est-ce pas une dérision que de se refuser à voir la vérité dans tout ceci, et à voir que, sur un simple projet ainsi promené, chacun l’un par l’autre avait son droit de suffrage ? Enfin, dirait-on que Chabot ayant les‘

cent mille francs en poche, à mon service, en cas que j'eusse molli (car, je le déclare, je n'ai pas tàté dans ce sens), dirait-on que Chabot aurait eu le bonheur de me trouver tout à coup, et très gratuitement, et tellement métamorphosé, moi, si furieux et si obstiné à la Commission et à la tribune, j'aurais fait de moi-même

1. Voyez ma déclaration au comité de sûreté générale. (Note de Fabre d'Églantine.)

a ©t