Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine
42 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE
eu lieu dans la Convention, voyez comme ils sont restés mobiles, tandis que Manuel et Lanjuinais, tous deux enfants perdus de la faction, s’élançaient dans l'arène. Prenez-y garde, car voici quelle est leur tactique : ils mettent en avant une avant-garde qui fait quelque proposition contraire à celle qu’ils ont véritablement intérêt * de faire passer ; les patriotes se jettent à plein collier dans le parti contraire; souvent leur bonne foi et leur imprudence leur font commettre des fautes; alors ils tombent dessus eux avec toute l'artillerie deleur arrièregarde, et ils remportent la victoire. Telle à été jusqu'ici la marche qu'ils ont tenue depuis l'ouverture de la Convention, telle est celle que suit dans cette occasion cette coalition dont pas un membre ne s’est hasardé à émettre une opinion dans la cause importante qui nous occupe. Méfions-nous donc de ce piège et ne servons pas leurs projets par un zèle inconsidéré. Sans doute il faut que la tête du tyran tombe sous le glaive de la loi; mais il faut que ce soit avec tout l'appareil qui est dû à un acte de justice aussi éclatant. Soyons calmes, modérons notre zèle; allons avec fermeté, mais avec froideur, au but où nous appellent le bonheur du peuple et le soin de défendre sa liberté, car ces deux objets seront constamment le but vers lequel tendront toutes les démarches et toutes les actions des législateurs patriotes ; et vous, peuple de Paris, conservez toujours votre dignité, tenezVous sans cesse dans cette attitude fière et imposante où vous vous êtes montré aujourd’hui, et soyez Sûr que vos représentants rempliront l’objet de vos vœux et de ceux de tous les départements de la république.
1. Journal des débats et de la Correspondance de la’ Sociéte des Jacobins, n° 328 (29 décembre 1792).