Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

Eu

SUR LE PROJET D'ÉCONOMAT NATIONAL 53

nenrs, intéressés ou désintéressés, eussent été des années à faire construire. Nos inspecteurs, nos entrepreneurs sont un demi-siècle à gratter une carrière : une armée de citoyens romains en épuisait plusieurs en une campagne. Sortez seulement à deux cents pas de Paris ; voyez que, pour élever trois redoutes et quelques toises de ligne pour les joindre, il vous a fallu agence sur agence, entreprise sur entreprise ; chaque jour conseil et comités nouveaux ; six mois de débats, de plaintes, de griefs et de rapports, plus de quarante lois générales ou particulières, et bien des millions perdus, sans que, du fruit de tant de promesses, de soins et de travaux, il soit résulté le moindre épaulement qui puisse garantir celte cité du premier coup de canon pointé contre elle.

D'un autre côté, jetez vos regards vers la frontière! et voyez qu'en quatre jours, en vingt-quatre heures, dans une nuit, nos armées élevaient tel retranchement, qui brava l'Autriche et la Prusse réunies.

Voilà qui vous marque la différence qui se trouve entre le concours d'un peuple et l’exclusif d'une compagnie, entre l'assistance de vingt-cinq millions d'hommes et la nomenclature d’un directoire, entre le zèle vif et abondant d’une nation et la responsabilité précautionneuse de quelques agents.

De ces observations résulte l'évidence du principe que j'ai posé; et je dis: tout directoire, en ce qui

_concentrera la faculté et le pouvoir exclusif de procurer

les fournitures, de toutes espèces, nécessaires à toutes les parties du service public, est une institution vicieuse, etje vais le prouver,

Je dis encore : l'institution naturelle, simple, et dont

5.