Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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86 OEUVRES POLITIQUES DE FABRE D'ÉGLANTINE

qui n’est point arrivé par le droit de la loi, est arrivé par la latitude de la prudence et par le fait. Supposerezvous que le conseil sera toujours d'accord. que des ministres ne se haïront pas, ne se jalouseront pas, ne se chicaneront pas? Depuis quand suffit-il d’être ministre pour que les passions se taisent devant l'intérêt public ? Dans le cas supposé où un ou plusieurs ministres voudraient faire pièce à leur collègue, que devient l'intérêt public? Qu'aurez-vous à dire de l’Economat ? Qu'aurez-vous à dire au ministre que le conseil entravera ? Qu’aurez-vous enfin à dire au conseil ? Le gourmanderez-vous sur ses mesures de prudence ? Et manquera-t-il, en ce cas, de raisons spécieuses pour vous démontrer la profondeur de cette prudence ? Que devient alors la responsabilité ? Souvenons-nous, citoyens, de cette règle fondamentale d'administration politique : que l'intérêt public doit être confié à fous et reposer sur tous, mais que la responsabilité doit être isolée.

Si je réfléchis maintenant sur l'article 4, je vois bien que les fournitures ne passeront dans les magasins de l’'Economat qu'après que deux officiers municipaux et deux experts du lieu où se trouveront les fournitures auront attesté la bonne qualité de ces fournitures ; mais je vois pas comment on me rassurera sur la collusion entre les deux municipaux, assistés des deux experts, et l’Economat, ou entre les fournisseurs et les deux municipaux. Lorsque l'Economat voudra favoriser un fournisseur, qui l’empêchera de se taire sur la complaisance des deux municipaux et des deux experts ? Est-ce une chose inouie que la faveur d’une corporation pour certains particuliers ? Est-ce une