Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

SUR LE PROJET D'ÉCONOMAT NATIONAL 55

L'Economat national n’est autre chose que ce que vous avez déjà sous le nom de comité des achats. Toute la différence que je vois entre l'Economat et le comité, c'est que celui-ci n’est qu’une institution non nationale, créée par un pouvoir subordonné, mais qui, par cela même, investie de moins de puissance et de privilèges que n’en aurait l’Économat, agit peut-être avec un peu plus de lenteur, mais procède aussi avec moins de tendance vers l’intérêt particulier, vers le despotisme de plus d’une espèce.

J'appelle ici despotisme tout ce qui est contraire à l'intérêt national, et par conséquent à la liberté. Car, citoyens, je vois bien, par l’article 3 du projet de décret, que l’Économat ne pourra préparer et livrer des fournitures que sur la demande expresse et authentique du conseil exécutif.

Mais je ne vois pas comment on pourrait parer à l'inaction de l’Economat, au vide de ses magasins, pendant tel espace de temps, en un mot à ses retards, lorsque le conseil n’aura pas été d'accord sur telle.et telle demande de fournitures, qui seraient nécessaires à tel ministre. Je suppose un moment, et pas plus gratuitement qu’il ne le faut, que le comité des achats actuel eût été soumis à la même formalité ; pensezvous que, sur la demande du ministre de la guerre: Pache, le ministre Roland n’eût pas trouvé, je ne dis pas dans son intimité, mais dans ses soupcons, dans ses scrupules, dans sa délicatesse même, des motifs suffisants de refus d'adhésion, et assez de logique spécieuse pour influencer ou arrêter le consentement du conseil ?

Que dis-je ! ceci n’est point une supposition, et ce