Oeuvres politiques de Fabre d'Églantine

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les fournitures pour le service public; mais réfléchissez à ce mot, toutes les fournitures, et dites-moi comment un comité de 15 personnes se procurera promptement toutes les fournitures sans accaparement ? Au reste, l'institution qui donnerait à un comité la facilité de tout accaparer, s’il le voulait, n’est-elle pas vicieuse, par cela même qu'il le pourrait ? Cette arme serait trop dangereuse ; si elle existait, il faudrait la briser.

En dernière analyse, je ne vois dans le projet d'Economat qu'une concentration de pouvoir administratif très dangereuse. Je n’y vois qu'une nouvelle création de places dont le nombre m’épouvante : je n’y vois qu'une compagnie privilégiée. C’est en vain que vous la créeriez sous la forme de directoire, elle serait bientôt constituée secrètement en actions et en intérêts particuliers. C’est une véritable opération financière, qui, semblable à toutes les régies faites pour le compte du gouvernement, attirerait autour de ses bureaux tous les traitants, tous les vampires, tous les prête-noms de tous genres, et vous vendriez ainsi à perte, à cette espèce de gens, l'industrie nationale, dont ils feraient un trafic universel, aussi astucieux et difficile à punir, que contagieux entre les riches, et funeste, sous tous les rapports, à la chose publique.

Je n’y vois, enfin, qu'une même masse d'agents, tous inspecteurs et inspectés les uns par les autres, qui pourront élever le prix courant des choses aussi haut qu'ils voudront vendre les objets indirectement achetés par eux à un prix inférieur. Il leur sera facile de faire le mal, qu’ils auront l’air de supporter, en gémissant, pour la nation. En un mot, et ceci est déterminant, vous confiez, par l'Economat, à quelques hommes agré-