Orateurs et tribuns 1789-1794

90 ORATEURS ET TRIBUNS.

vouée aux incertitudes, aux chimères les plus discordantes, S'il n’approuve pas la politique des catastrophes, cette politique de l’excès du mal qui fut celle de l'extrême droite et des émigrés, s’il soutient que gouverner est un art fait de force et d’habileté, qu'il faut, lorsque le mal est consommé, en tirer le plus de bien possible, et que c'est une étrange erreur que de ne vouloir agir que sur des choses bonnes et utiles, mais qu’il convient, au contraire, d'employer sur les mauvaises son talent et son courage, s’il peste contre cette fureur de raisonailler qui à envahi Paris, Vaublanc n’aime pas non plus certaine fausse finesse qui se complaît dans l'intrigue et les petits moyens, celle que les Italiens appellent comædia in comædia. Avec La Rochefoucauld, il y voit la marque d’un petit esprit, estime que le vrai moyen d’être trompé est de se croire plus fin que les autres ; avec Duclos, il définit la finesse : le fruit de l'attention fixe et suivie d’un esprit médiocre que Fintérêt anime, un mensonge en action. Elle peut bien marquer de l'esprit, mais elle ne se rencontre jamais dans un esprit supérieur, à moins qu’il ne se trouve avec -un cœur bas. Un esprit supérieur dédaigne les petits ressorts, il n'emploie que les grands, c’est-à-dire les simples. Au fond, ce prétendu talent se borne à donner des espérances, à les retirer; à paraître fatigué d’un plan, tandis qu’on le suit avec plus d’ardeur; à se laisser pénétrer en apparence; à dire des demi-mots,