Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 91

des puérilités, en les couvrant d’un vernis d'importance : et, pendant que l'homme fin travaille et sue ainsi, l'homme de caractère l'écoute avec pitié, résolu d'avance à ne rien croire de ce qu'il lui dit.

De la présence d'esprit, de la promptitude dans la riposte, ce royaliste constitutionnel ne cessa d’en faire preuve à la tribune. Une députation de la ComédieFrançaise ayant comparu à la barre, Molé, son orateur, invité à la séance, fit semblant de se porter du côté droit, mais tout à coup, simulant la honte de s'être mépris, il passe du côté gauche et se tient debout près de la tribune, où il fixe Vaublanc d’un air insolent. Celui-ci saisit le moment d’une violente interruption, et, le silence une fois rétabli, s’écrie avec force : « Lorsque le département de Seine-et-Marne m'a fait l'honneur de me nommer son député, il ne m'a pas dit que je serais exposé à des huées, comme un vil histrion. » En même temps, il s'était tourné vers l'acteur, joignant le geste à la parole pour que celle-ci fût bien comprise. Un jour qu’il défendait des royalistes dénoncés, ses adversaires lui objectent qu'il ne connaît pas les détails de l'accusation. « Pour être persuadé de leur innocence, il me suffit qu'ils soient accusés par vous. » Parlant des clubs et de leur tyrannie, et citant cette phrase du général Montesquiou : « Le corps législatif même n’est pas libre dans ses fonctions; les Jacobins et les tribunes y font la majeure partie des décrets », il ajoute : « Si l’on est coupable pour penser et dire