Orateurs et tribuns 1789-1794

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de telles choses, qu’on fasse donc le procès à la moitié de la France ».

Les députés du côté droit ayant été menacés, frappés, volés en sortant du palais, il dénonce avec une énergie éloquente la dictature de la rue : « Il ne s’agit pas seulement ici de la dignité d’un individu, il s’agil de la souveraineté nationale. Comment! quand un mandataire du roi était insulté chez les étrangers, vous pensiez que la France devait tirer l'épée, et vous souffririez que des représentants du peuple fussent maltraités tellement, qu'ils n'auraient pas de plus grands outrages à craindre des Autrichiens et des Prussiens. » Tant d’intrépidité, tant de vertus demeuraient inutiles, faute d’une seule : Vaublanc et ses amis n’ont pas de chef suprême, et, comme disent les Arabes : « Mieux vaut une armée de cent moutons commandés par un lion, que cent lions commandés par un mouton. » Quelles durent être leur colère et leur indignation contre la pusillanimité du roi, de l’Assemblée, pendant ces journées révolutionnaires où érois bataillons bien conduits auraient suffi pour tout changer!

Vainement encore il s'élevait contre les clubs, repoussait l’amnistie proposée en faveur des assassins de la Glacière d'Avignon, et son impuissance lui arrachait cette exclamation prophétique : « Vous accordez l’impunité aux assassins, je vois la Glacière d'Avignon s'ouvrir dans Paris ».

Lorsque, élu membre du conseil des Cinq-Cents, re-