Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 93

levé de sa condamnation à mort par contumace, il veut, selon l'usage, prêter le serment de haine à la royauté, tous les assistants furent attentifs; l’un d’eux lui ayant crié : « Plus haut! — Et vous, plus bas, » répond-il sans se déconcerter.

Yaublane est profondément pénétré de cette idée que tout ce qui porte quelque empreinte de courage a, par la nature même des choses, mille chances de succès, tandis que la faiblesse n’en a aucune; il en donne le plus frappant de tous les exemples, celui de M. de Châteaubrun, condamné à mort, conduit au supplice avec vingt autres victimes. Après douze exécutions, | la guillotine s'étant brisée, on appelle un ouvrier pour la réparer; le jour commençait à baisser; la foule, les wendarmes eux-mêmes s'occupaient du travail bien plus que des condamnés. M. de Châteaubrun se laissait aller sur les personnes qui, élant derrière lui, lui firent place machinalement; il se trouva aux derniers rangs sans l'avoir cherché, sans y avoir pensé. La nuit dispersa bourreau et spectateurs; étonné d'abord de sa situation, il conçoit bientôt l'espoir de se sauver, s'adresse à un ouvrier, lui dit en riant que ses camarades lui ont atlaché, pour s'amuser, les mains derrière le dos et pris son chapeau. L'ouvrier ayant coupé ses cordes, M. de Châteaubrun propose de le régaler dans un cabaret des Champs-Élysées, puis le prie de porter un billet à un de ses amis, ajoutant que celui-ci apporterait de l'argent, et que ses camarades avaient pris sa