Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT LES ORATEURS DE LA DROITE. 11

en prenant l'offensive contre ceux qui méditaient le crime. Il ne sait que s’envelopper dans le drapeau de la constitution, ct son histoire nous présente en miniature celle des révolutions que n’ont point su éviter les hommes de son caractère.

C'est ainsi qu'il repousse avec indignation le colonel R..., commandant de la garde nationale de la Butteaux-Moulins, qui lui propose de faire tuer Rewbell et Barras, s’il donne sa parole d'honneur de déclarer à la tribune que, pour sauver la République, il a commandé Fattaque!. Plus tard, Napoléon ayant eu vent de l'aventure, lui en fit raconter tous les détails et conclut en disant : « Vous êtes un imbécile, vous n'entendez rien aux révolutions ». L'empereur, lui, sy entendait à merveille. A vrai dire, il démélait moins bien les impulsions et n'avait guère le secret des nobles âmes, lorsque, rapportant tout à l'intérêt personnel, il lance cette ruade à Dumas : « Vous étiez de ces imbéciles qui croyaient à la liberté? Oui, sire; j'étais et suis encore de ceux-là. — Et vous avez travaillé à la Révolution, comme les autres, par ambition? — Non, sire; et j'aurais bien mal calculé, car je suis précisément au même point où j'étais en 1790. — Vous ne vous êtes pas bien rendu compte de

1. Un officier apostropha le général Pichegru en l'arrêtant, le 18 fructidor : « Te voilà donc, général de brigands! — Oui, quand j2 te commandais », répliqua-t-il froidement.