Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 115

dogmes qui, dans le creuset du génie, deviennent force, succès, despotisme, constituent les gouvernements glorieux, lourdement oppresseurs.

Dumas, qui avait accompagné Joseph à Naples comme ministre de la guerre et grand maréchal du palais, rentra en France lorsque celui-ci fut appelé au trône d'Espagne. Napoléon ayant laissé éclater son humeur, le général répondit qu’il voulait garder sa qualité de Français, qu’au reste, s’il avait perdu son grade et son titre de conseiller d’État, il sollicitait l'honneur de servir comme volontaire : « le grade de caporal est assez beau, dit-il, Votre Majesté l’a fait envier par les premiers généraux de l'Europe ». Napoléon sourit, le nomma aussitôt général de l’armée impériale, et, parlant de Salicetti qui voulait revenir en France, fit cette réflexion curieuse : » Il faut qu’il reste à Naples, il doit se trouver trop heureux. Qu'il sache que je n'ai pas assez de puissance pour défendre du mépris et de l'indignation publique les misérables qui ont voté la mort de Louis XVI », mon pauvre oncle Louis XVI, comme il l’appelait dans un autre entretien.

L'esprit de Napoléon éclatait dans des mots comme celui-ci : « Il y a eu deux batailles de Marengo dans la même journée: j'ai perdu la première, j'ai gagné la seconde, c'était la bonne. » Maïs Dumas ne se contente pas d'admirer, il fait ses réserves, blâme par exemple la dureté de l’empereur envers le général Legendre. « C'est vous, monsieur, lui dit-il, qui avez signé la