Orateurs et tribuns 1789-1794

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capitulation de Baylen », et prenant au poignet la main droite du général : « Comment cette main n’a-t-elle pas séché ? » Ses grenadiers, les vieux grognards, murmuraient tout haut contre la guerre d’Espagne : il les passe en revue, s’ayance vers eux, en saisit un au collet, le désarme lui-même, menace de le faire fusiller, puis le repoussant dans le rang, et s'adressant à la troupe : « Je veux bien cette fois vous faire grâce; que signifient ces murmures dont on m'a parlé? Vous voulez aller retrouver vos p. . à Paris! Ah! vous n’y êtes pas ; vous en verrez bien d’autres ; à quatre-vingts ans, je vous tiendrai encore dans les rangs. »

En 181%, Mathieu Dumas se rallia au gouvernement des Bourbons. M. le comte d'Artois l’ayant pressé de questions sur ce qu'il pensait de l'opinion publique, il finit par répondre: « Eh bien, monseigneur, vous avez, vous même, par un mot mémorable, résolu cette question. On m'assure que vous avez dit en entrant à Paris et comme un digne fils de Henri IV : « Il n’y aura rien » de changé ; il n’y a qu'un Français de plus. » Ne perdez jamais de vue ce noble engagement. Oubliez le passé, vous n’avez besoin d'aucun souvenir. Considérezvous comme une nouvelle race nouvellement adoptée par la nation. Des trois générations que nous trouvons sur le sol français, une seule, celle à laquelle j'appartiens, de beaucoup la moins nombreuse, reconnaît ses anciens souverains. Les deux autres générations ne vous connaissent pas. » Le prince parut surpris, mais ne