Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 127

dévotion serait un phénomène inexplicable. Mais cette alliance est toute naturelle dans les mœurs des peuples qui corrompent la foi par la superstition et souvent les âmes par des formules. J'étais un jour chez la marquise de X... dont je soupçonnais les intrigues galantes. Son mari, militaire un peu pédant, avait la manie de vanter à tout propos son bonheur domestique et l’inébranlable fidélité de sa femme. Il venait, suivant l’usage, de chanter les louanges de sa Pénélope, lorsque celle-ci, se penchant vers mon oreille, me dit fort gaiement : « Mon mari m'ennuie avec sa » bonne opinion; je ne puis m'empêcher de rire quand » je me figure la surprise où il sera au jour du juge» ment dernier ». Je n’ai pas besoin de dire que cette dame est Italienne. Dans quelle autre têle eût jamais pu se former cet amalgame de l’adultère, du rire et du jugement dernier. »

Ce dernier trait ne rappelle-t-il pas le mot d’une duchesse italienne regardant avec un soupir de regret une glace qu’elle allait déguster : « Quel dommage que cette glace ne soit pas un péché mortel ! »

Dans ses notices historiques, Lemontey a déployé des qualités de sagacité ingénieuse, de critique originale, de méthode sévère qui contrastent avec ses écrits de pure fantaisie, et montre la flexibilité de son talent : celles qu'il consacre, par exemple, à Vicq d’Azyr, Jeanne d’Albret, Adrienne Lecouvreur, Clairon ont bien de