Orateurs et tribuns 1789-1794

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portait cette épigraphe : « Semez des récompenses, si vous voulez recueillir des vertus. » Bonaparte, qui le consultait volontiers, ne manqua pas de lui parler d'avance du concordat. « Si vous voulez absolument rétablir la religion catholique, opina le disciple de JeanJacques, vous serez obligé d'aller à la messe. — Cela peut être. — Mais vous contraindrez aussi tous les fonctionnaires publics à y aller. — Quelle folie! Non, citoyen Consul, cela sera, parce que cela vous paraîtra nécessaire, et ce que je vous demande dès aujourd'hui, c’est de vouloir bien attacher d’excellents musiciens à votre chapelle, parce qu'une bonne musique est un remède contre l'ennui; et la messe, que nous n'avons plus l'habitude d'entendre, pourrait nous paraître une chose très ennuyeuse, » Spiritualiste et déiste à la manière de Rousseau, Girardin garde le tour d'esprit du xvnr° siècle, redoute sans cesse le voyage à Canossa, se moque aussi volontiers des rites religieux que du miracle de saint Janvier, compare le prêtre qui dit bien la messe à l'acteur qui joue bien la comédie. Au mois de février 1808, le roi Joseph institua l’ordre des Deux-Siciles. Comme il demandait à son premier écuyer de lui désigner les personnes auxquelles il réserverait les grands cordons : « Masséna, dit celui-ci, doit, ce me semble, être placé en tête de la liste. — Vous êtes dans l'erreur; je ne le nommerai pas. — Comment! Vous ne donneriez pas votre ordre à celui auquel vous devez la couronne du royaume de Naples! — Non,