Orateurs et tribuns 1789-1794

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miraculeux. Il fallait revenir à une époque où les armées françaises étaient battues, les finances épuisées, les citoyens désabusés, où l'autorité était devenue un besoin. Néanmoins, peu de jours après le 18 brumaire, les principes qui avaient été les causes uniques des plaies que j'étais appelé à cicatriser, étaient professés partout, même dans mon conseil. Pour décider les métaphysiciens du Conseil (à soumettre les Journaux à la police), j'ai été obligé de faire de la métaphysique, car un homme d’État doit parler toutes les langues, et savoir prendre tous les t ns... Pour gouverner un grand État, il faut beaucoup de juges, beaucoup d'administrateurs, beaucoup de gendarmes, beaucoup de soldats. » Lemercier insinuant que si un écrivain attaquait le premier consul, mille s'empresseraient de le défendre, celui-ci répond avec profondeur : « Leurs ouvrages ne seraient pas lus, tandis qu'on s’arracherait l'autre. »

« Êtes-vous marié, demandait l'empereur à Girardin. — Oui, sire? — Et vous aussi, vous avez fait cette folie! Savez-vous ce qu'il faut pour être heureux ? Une femme bonne et vertueuse, et une maîtresse aimable et jolie; c’est ainsi qu'on doit arranger sa vie. » C’est bien l’homme qui disait à Joséphine, en lui annonçant sa résolution de divorce : « Ne cherchez pas à m'émouvoir; je vous aime {oujours, mais la politique n’a pas de cœur, elle-n’a que de la tête, je vous donnerai cinq millions par an et une souve-