Orateurs et tribuns 1789-1794

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lité, nul enthousiasme. En vain les invite-til à préparer des fêtes brillantes pour l’empereur; en vain les supplie-t-il de montrer de l'esprit publie. « On ne vit pas d'esprit public, répondent-ils. — Mais vous n’obtiendrez pas de faveurs à la cour. — Nous nous en sommes passés jusqu’à présent. — L'empereur ne viendra pas dans votre département.— Nous nous en consolerons, cela nous sera d'autant plus facile que nous ne l'avons jamais vu. — Que faire de pareilles gens, se lamente M. Méchin? — Mais ils sont soumis, paient l'impôt, exécutent la loi. Que peut-on exiger de plus? — De l’enthousiasme. — Vous n’en inspirerez jamais, remarque Girardin, à des gens qui ne boivent que du cidre. »

M. Méchin avait raison de se désoler; l'enthousiasme des administrés fait souvent le mérite et l'avancement des administrateurs.

Un joli trait à propos de la nomination de Pasquier comme préfet de police. On rapporta que l'empereur avait chargé Cambacérès de le mettre à l’épreuve avant de lui annoncer sa nomination. « L'empereur, dit Cambacérès, vous voit d'un œil favorable; il veut même vous confier un poste de la plus haute importance. — Monseigneur ! — Pour le remplir, il faut un homme bien sûr, bien dévoué. — Monseigneur! Mais enfin, si vous receviez, par exemple, l’ordre de m’arrêter, moi... — Ah! monseigneur! — Que feriezvous ? — Mon devoir. — Monsieur Pasquier, vous êtes préfet de police. »