Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE 155

Martainville, tu abuses un peu trop de l’honneur d'avoir été guillotiné avec ces pauvres Girondins. » C’est Lamartine qui, au milieu de contradictions, d’erreurs innombrables associées aux tableaux du coloris le plus brillant, leur donne pour emblème la prétendue inscription de Vergniaud sur la muraille de son cachot : Plutôt la mort que le crime ! Potius mari quam fœdari: Cest Ponsard qui métamorphose les chefs de la Gironde en héros de Corneille :

Grand Vergniaud ! fier Louvet ! généreux Barbaroux ! Et vous tous, Girondins, jeune et vaillante armée Où la vertu trouvait sa garde accoutumée!

C’est Alexandre Dumas qui place sur leurs lèvres un chant devenu aussitôt populaire, et l’on sait la puissance d’un refrain logé dans une cervelle ignorante ou enthousiaste :

Nous, amis, qui loin des batailles. Succombons dans l'obscurité, Youons du moins nos funérailles À la France, à la liberté! Mourir pour la patrie, C’est le sort le plus beau, le plus digne d'envie!

Même indulgence de la part de Thiers, Mignet, Lanfrey. « Ils s'étaient endormis, dit ce dernier, rêvant d'Athènes et de Platon, ils se réveillèrent contemporains de la Saint-Barthélemy. Ils furent d'abord comme