Orateurs et tribuns 1789-1794

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anéantis. » Quinet les choisit pour ses héros, Louis Blanc, malgré sa partialité pour Robespierre, Michelet malgré son culte pour Danton, les placent dans leur Panthéon. « La Révolution qu'ils condamnèrent à les tuer portera leur deuil à jamais, s'écrie Louis Blanc. La liberté de conscience, les franchises de la pensée, l’inviolabilité du foyer domestique, l'égalité devant la loi, la proportionnalité entre les délits et les peines, la vertu et le talent mis au-dessus des privilèges de la naissance; en un mot, tout ce qui constitue le droit individuel, telle fut la religion, pour laquelle vécurent et moururent les Girondins. » — « Fondateurs de la République, dit Michelet, dignes de la reconnaissance du monde pour avoir voulu la croisade de 1799 et Ja liberté pour toute la terre, ces grands cœurs, de leur sang, nous ont fait la patrie. »

| Quelques écrivains avaient risqué la vérité, Tissot par exemple, ardent révolutionnaire, beau-frère de Goujon, ami de Saint-Huruge, de Stanislas Maillard, de Fournier l'Américain, aux yeux duquel les Girondins trouvent grâce, parce qu'avant le 40 Aoû, ils s’élaient montrés les émules des plus ardents Jacobins; ce même Tissot, auquel on reprocha faussement d’avoir porté la tête de la princesse de Lamballe au bout d'une pique, et qui s’atlira une terrible réplique du colonel des Islets, un jour que celui-ci le dévisageait avec dédain. « Vous portez la tête bien haut, avait dit Tissot. — Du moins, je ne porte que la mienne, »