Orateurs et tribuns 1789-1794

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L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 15

riposta le royaliste. Granier de Cassagnac avait, lui aussi, échappé à la contagion. Leurs voix se perdaient dans cette symphonie d’admiration bruyante.

Une nouvelle école historique a surgi qui n'hésite pas à reviser les procès jugés et, semblait-il, gagnés à tous les degrés, à examiner les pièces d'un dossier que d'illustres prédécesseurs ont à peine feuilleté; qui, reprenant en sous-œuvre les questions les plus ardues du problème révolutionnaire, les fait sortir du brouillard de la légende, du vague et de l’emphase, entrer dans la lumière el la certitude. Grâce aux livres c'e MM. Taine‘, Albert Sorel, aux belles études de MM. Wallon, Albert Duruy, Victor Pierre, Dauban, Ernest Daudet, Biré, Vatel, Léonce Pingaud, Henri Welschinger, etc, on a, depuis vingt ans, marché d’un pas rapide et sûr, pénétré dans ce domaine défendu, comme une forteresse presque imprenable, par une triple enceinte de préjugés, on a anatomisé, désossé en quelque sorte la Révolution, si bien qu'il west plus permis de soutenir qu'il faut la haïr ou

1 « Parce qu'ils ont lu Rousseau et Mably, parce qu'ils ont la langue déliée et la plume couran‘e, parce qu'ils savent manier des formules de livre et aligner un raisonnement abstrait, ils se croient des hommes d'État. Parce qu'ils ont lu Plutarque et le jeune Anacharsis, parce que, sur des conceptions métaphysiques, ils veulent fonder une société parfaite, parce qu'ils s’exaltent à propos du millénium prochain, ils se croient de grandes âmes. A ce degré extrême, l'amour-propre est le pire sophiste. » (Taine, t. II, p. 108.)