Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA GIRONDE. 159

de magnificence dont Vauban cherchait à détourner £ouis XIV, ignorant l’art de vouloir et passant à réver le bien public le temps qu'il eût fallu consacrer à l’opérer, donnant le change au peuple par leur belle attitude, et lui masquant le chemin de la Terreur sur lequel ils le font glisser chaque jour, ayant assez peu le sens de l’émeute, l'instinct de la foule, et, pour parler de droit, de justice, attendant que leur pouvoir soit menacé, leur tête mise à prix !.

Ils revendiquent le titre de factieux, de sans-culotles ?,

4. Michelet raconte que M. de Reinhart, Allemand de naissance, diplomate très instruit des hommes et des choses, vint, par voiture publique, de Bordeaux à Paris, en compagnie de Vergniaud, Guadet, Gensonné, Ducos, Fonfrède, etc. « C’étaient des hommes pleins d'énergie et de grâce, d’une jeunesse admirable, d'une verve extraordinaire, d’un dévouement sans bornes aux idées. Avec cela il vit bien vite qu'ils étaient fort ignorants, d'une étrange inexpérience, légers, parleurs et batailleurs, dominés, ce qui diminuait en eux l'invention et l'initiative, par les habitudes du barreau. Et toutefois, le charme était tel qu'il ne se sépara pas d'eux. » Dès lors, disait-il à Michelet, je pris la France pour patrie, et j'y suis resté.

2. Ils ne voulaient pas de l'anarchie pour elle-même, ils n’en voulaient qu’autant qu’il leur en fallait pour arriver au pouvoir. « Ce parti de la Gironde, qui devint fameux d’abord par ses faules, ensuite par ses malheurs bien mérités, soutenait les Jacobins sans se mêler à eux, il les poussait en avant comme une troupe de bandits qui lui ouvrait le chemin. Il fit plus de mal qu'eux, en ce sens que les Jacobins se seraient promptement discrédités par leurs excès; tandis que les Girondins, factieux plus modérés, et, par cela même plus habiles, exerçaient sur la partie faible de l’Assemblée une influence que je ne puis définir, et, avec son aide,