Orateurs et tribuns 1789-1794

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fois, lorsqu'il combat la non-rééligibilité des constituants, il atteint une grande hauteur d’éloquence :

« Je vois dans l'éloignement le despotisme sourire à nos petits moyens, à nos petites vues, à nos petites passions, et y placer sourdement le fondement de ses espérances. Ce qu'on appelle la Révolution est fait : les hommes ne veulent plus obéir aux anciens despotes; si l’on n’y prend garde, ils sont prêts à s’en faire de nouveaux, et dont la puissance plus récente et plus populaire serait mille fois plus dangereuse. Tant que l'esprit public n’est pas formé, le peuple ne fait que changer de maîtres; mais ce changement ne valait assurément pas la peine de faire une révolution. » C’est dans ce discours qu'il caractérise avec finesse la tactique de Robespierre : « Daignez ouvrir les yeux sur le système adroit de certains hommes qui n’ont assumé aucune responsabilité personnelle; car ce n'en est pas une que d’avoir combaltu avec frénésie, tout ce qui est raisonnable, et d’avoir tenu sans interruption une chaire de droit naturel. C’est ce système qu’on veut continuer. »

Un autre jour, il parla contre la peine de mort: il demandait un peu naïvement « si une société qui se fait légalement meurtrière n’enseigne pas le meurtre,

susciter, Le mal même qu'on lui avait fait la faisait craindre : de là cette constitution de 1191 que Dumont appelle un monstre, -où le roi figurait comme un hors-d'œuvre, étant partout en apparence, mais n'ayant aucun pouvoir réel.