Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE. 63

et non les filer en périodes. » Et une autre fois : « Travailler, mürir davantage mes causes et puis les (raiter d'abondance ou avec des extraits fort courts, en homme rompu. Exercer ce genre dans ma chambre, m'attacher essentiellement à la netteté, à la brièveté ; c’est la passion des juges. Cette année a amené en moi un proerès de la pratique sur la théorie en tout genre; j'ai plus observé les faits et mes réflexions ont porté plus immédiatement sur eux. »

Dans l’Antroduction à la Révolution française, composée en prison, Barnave se peint tel qu'il est après son élection aux états généraux : passionné pour la liberté, convaineu qu’elle ne peut exister sans un gouvernement monarchique et qu’elle rencontre sa ruine dans ses excès, désirant qu’on fit non le plus maïs le mieux, plaçant l'élévation du caractère dans la franchise et la mesure, avouant modestement que, s'il a parfois oublié celle-ci, c’est alors seulement qu’il a cessé d’être lui-même, comme le jour où il se sépara de Monnier en lui disant : « Monsieur, vous avez votre réputation faite; je veux faire la mienne. » Oui, dans sa course ardente vers la liberté, il fit escale à l’île d'Utopie ; oui, la joie de démolir dans l'abus lempêche parfois de comprendre la difficulté de construire dans la raison, la nécessité de proportionner l’attaque à la résistance, le remède à la maladie, de ne pas substituer un chaos à un autre chaos, et qu'il est plus aisé de manier la pioche que la truelle. Du moins évitet-il de glorifier ses