Orateurs et tribuns 1789-1794

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erreurs et n’a-t-il d’autres mobiles que la justice et la vertu.

La fuite de Varennes achève d'imprimer aux idées de Barnave une nouvelle orientation. Courtisan du malheur, ému de sympathie respectueuse pour cette grande adversité, il témoigne à la famille royale, pendant le retour à Paris, des attentions délicates, un dévouement qui contrastent avec l’ignoble conduite de Pétion, le bellâtre ridicule qui ose écrire que Madame Elisabeth éprouva pour lui l'attrait de la nature, Madame Elisabeth, cet ange de pudeur qui, la tête sous le billot, suppliait «au nom de Dieu, monsieur le bourreau, de lui couvrir le sein. » Un prêtre, coupable de s'être approché pour saluer les augustes victimes, est saisi par une troupe de furieux qui vont le massacrer : Barnave s’élance et leur crie : « Tigres, avez-vous cessé d’être Français? » Étonnée, la bande recule et lâche sa proie. Et comme Louis XVI disait aux trois commissaires de lAssemblée qu'il n'avait jamais eu l'intention de quitter la France, Barnave se retourna vers Dumas et observa : « Voilà un mot qui sauvera le royaumet. »

4. « Un sentiment d'orgueil que je ne saurais trop blâämer dans un jeune homme du tiers état, disait la reine en parlant de Barnave, lui a fait applaudir à tout ce qui aplanissait la route des honneurs et de la gloire pour la classe dans laquelle il était né; si jamais la puissance revient dans nos mains, le pardon de Barnave est d'avance écrit dans nos cœurs... » Elle me disait que sa conduite en route avait été parfaite, tandis que la rudesse républicaine de Pétion avait été ontrageante; qu'il mangeait, buvait dans la berline