Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA DROITE. 79

bunes, Célimènes politiques qui sourient aux divers partis, flottant sans cesse entre l'intérêt, la crainte et la raison, fléau des assemblées, obstacle éternel d’un gouvernement parlementaire, Tels furent les députés du centre, les Impartiaux de la Législative, phalange souvent immobile pour le bien, dont le vote fait la majorité, selon qu'ils penchent du côté de leur opinion intime, ou du côté de celui qu'ils croient le plus fort, appuyant surtout les factieux de leur masse inerte. On votait par assis et levé, mais quand la droite avait la majorité, la gauche la contestait, réclamait à grands cris l’appel nominal : aussitôt les honnêtes gens de se retourner. Pourquoi? Parce que les Jacobins firent de l'appel nominal, en l'imprimant, un véritable épouvantail, un moyen de terreur : « Il était bon, disaientils, que le peuple connût ses amis et ses ennemis. » Et, en réalité, ces listes fatales devaient devenir des listes de proscription. Est-ce-là leur excuse, leur justification? Non certes: en vertu de la loi d’engrenage, la peur des honnëtes gens fit la force des violents, la peur rendit possibles les proscriptions, la peur plia les Assemblées sous la dictature des tribunes, la peur courba vingt-cinq millions de Français sous le joug de deux cent mille Jacobins. La peur devient la plus triste des spéculations, et la fermeté le meilleur calcul, lorqu’elle est une fermeté pratique, car la volonté qui agit surpasse l’esprit qui délibère. Hua avait pour collègue au côté droit un honnête cultivateur de Seine-et-