Orateurs et tribuns 1789-1794

86 ORATEURS ET TRIBUNS.

que le sang-froid, la fermeté constituent une excellente garantie, une assurance lucrative contre le danger, Ainsi la Plaine, le Ventre, pensait comme ses amis de la droite et lui, mais n’osait s'asseoir auprès d’eux, voter comme eux. « Plus les hommes faibles s’entassent les uns auprès des autres, plus ils se communiquent leur faiblesse ; elle devient contagieuse. Tel homme du Ventre qui pâlissait aux appels nominaux quand il entendait prononcer son nom, aurait voté différemment et avec fermeté, s’il avait pris la résolution de s'asseoir au côté droit. Des membres qui s'asseyaient quelquefois à droite, se mettaient parmi les Ventrus lorsqu'ils prévoyaient que, dans une question importante, on voterait à l’appel nominal. » C’est que les effets de la faiblesse sont plus prodigieux encore que ceux des passions les plus violentes, et rassemblent, plus souvent qu'aucune autre passion, les contradictoires. Les Ventrus votaient sous l’obsession de la Montagne, la Montagne votait sous lés vociférations des tribunes, sous la crainte de la rue. Louis XVI donna l'exemple de la faiblesse lorsqu'il répondit aux gardes nationaux qui lui demandaient de porter leur uniforme : « J’examinerai, dans mon Conseil, si la constitution me permet de porter l’uniforme de la garde nationale, » Quel démenti à la définition de Vaublanc : « Qu'est-ce qu'un roi? C’est un porteur d'épée ! » La Révolution a été en partie l'ouvrage de la peur, et, d’ailleurs, rien de plus rare que le courage politique, bien autrement difficile que le courage du soldat :