Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 93

à réparer les ruines dont la France était couverte.

Quelques-uns de leurs nouveaux collègues avaient, il est vrai, des vues moins désintéressées. Sur certains points du territoire où la Convention avait sévi avec plus de violence, les électeurs appelaient de tous leurs vœux une restauration monarchique, et leurs choix, notoirement royalistes, étaient une sorte de défi jeté au gouvernement républicain. Ainsi, à Paris, on avait nommé M. Dufresne, ancien premier commis de Necker ; à Versailles, M. de Vauvilliers, compromis dans les complots royalistes ; à Marseille, le général Willot ; à Colmar, an agent des princes, un correspondant de Wickam, Chemblé; à Lyon, Imbert-Colomès, émigré rentré, émissaire avéré de Louis XVII ; dans le Jura, Pichegru, dont la trahison était déjà soupçonnée.

Bien que peu nombreuses, ces élections étaient un danger sérieux pour le parti modéré. Elles révélaient l'existence d’une faction réactionnaire, elles alarmaient la masse des citoyens dont les intérêts se trouvaient liés à ceux de la Révolution, elles donnaient des armes aux terroristes et diminuaient le crédit des députés constitutionnels. Ceux-cicommirent malheureusement, pour la plupart, la faute grave de ne pas voir le péril. Tout entiers à la joie d’un triomphe qui dépassait leurs espérances, ils se départirent de leur prudence ordinaire, au moment où il aurait fallu redoubler de modération et séparer plus nettement que jamais leur cause des machinations royalistes. Comme il arrive trop souvent, le parti le plus ardent ne tarda pas à s'emparer