Portalis : sa vie, et ses oeuvres

92 È PORTALIS

sements, et approuva unanimement, sans les discuter, les conclusions de son rapporteur.

Les élections du second tiers des députés venaient de s’achever : Le scrutin avait donné au parti constitutionneluneforte majorité dansles deux Conseils. Les conventionnels, que le Directoire soutenait, avaient échoué presque partout !. Un petit nombre de constituants, plusieurs membres de l'Assemblée législative, beaucoup d'anciens juges ou administrateurs de 1791 composaient à peu près exclusivement le nouveau tiers. Quelques hommes nouveaux, tels que Camille Jordan, Corbière, Royer-Collard, apportaient au Corps légis latif des convictions arrêtées, un ferme courage et une grande éloquence. Témoins de la Révolution sans y avoir pris part, ils avaient acquis, à cette terrible école, une maturité précoce et la haine de toute violence, de toute oppression. Comme Portalis et ses amis politiques, ils voulaient effacer les traces encore trop visibles du règne de la Convention et reprendre le généreux programme de l’Assemblée constituante : à l’intérieur, liberté modérée, répudiation de toutes les lois de colère et réconciliation des partis; à l’extérieur, paix glorieuse et prompte avec les puissances étrangères. Ils ne désiraient pas le retour des Bourbons ; ils acceptaient la république sans enthousiasme comme sans hostilité, s'inquiétant peu du nom que se donnait le gouvernement, pourvu qu’il se montrât disposé

1. L'élection de Barrère dans les Hautes-Pyrénées, où il jouissait d'une grande influence personnelle, n'était qu'un fait isolé, sans portée politique. |