Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 95

tribune pour reprocher amèrement la destruction de la république de Venise au jeune général qui venait d’arracher la paix à un de nos ennemis les plus acharnés. Dumolard manquait ainsi à la reconnaissance nationale, il froissait le sentiment public, en prenant la défense d’un gouvernement d’ancien régime qui avait lächement massacré nos malades, il blessait la juste susceptibilité de Bonaparte et provoquait la redoutable colère des armées républicaines.

Encouragés par cette série de manifestations téméraires, les royalistes redoublaient d’audace. Leurs journaux s’exprimaient avec une jactance sans bornes; beaucoup de prêtres réfractaires annonçaient le prochain retour des Bourbons; les émigrés rentraient : on en comptait déjà plus de cinq mille à Paris, et les. chouans commençaient à s'y montrer.

Le Directoire inquiet surveillaït ces menées. La saisie des papiers du comte d’Entraigues, agent bourbonien arrêté à Milan, venait de lui révéler la trahison de Pichegru et de lui livrer les principaux fils de la conspiration royaliste. Tous les directeurs comprenaient la gravité de la situation; mais ils n’étaient pas d’accord sur les moyens de conjurer le péril. Il y avait, au sein du Directoire comme dans les Conseils, scission entre lesradicaux et les constitutionnels. Carnotet Barthélemy conseillaient à leurs collègues la modération et la légalité. Le mouvement royaliste leur semblait peu dangereux ; ils refusaient de considérer comme des conjurés tous les membres du club de Clichy, ils pensaient que l'entraînement et la faiblesse avaient plus de part à