Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 97

leurs courageux efforts en faveur de la liberté. Leur voix n’était plus écoutée. Placés entre des partis extrêmes, dont l’exaltation croissait de jour en jour, ils conservaient leur attitude impartiale, au risque de s’aliéner à la fois les deux camps et de partager, dans tous les cas, la proscription des vaincus.

L’une des questions qui préoccupaient alors le plus vivement l’opinion publique était le remaniement indispensable du ministère. Sur sept ministres, le Directoire était d’avis d’en changer deux, dans l’intérêt du service : ceux des Affaires étrangères et de la Marine, Charles Delacroix et Truguet. La Réveillère et Rewbell songeaient, de plus, à remplacer les ministres de la Guerre, de la Police et de l'Intérieur, le général Petiet, Cochon et Benezech, à qui ils reprochaient la modération de leurs opinions; ils ne voulaient conserver que Ramel et Merlin, l’un aux Finances, l’autre à la J'ustice. M. de Talleyrand devait être appelé aux Affaires étrangères, Hoche à la Guerre. Le parti royaliste était d'accord avec le Directoire sur le changement de Truguet et de Charles Delacroix; mais il voulait, à tout prix, conserver Benezech, Cochon et Petiet; il réclamait en outre avec instance la retraite de Merlin et de Ramel, tous deux conventionnels exaltés. Les constitutionnels considéraient aussi comme nécessaire le remplacement de Merlin par Cochon, ils appuyaient la candidature de M. de Talleyrand, enfin, par crainte de Hoche, ils demandaient le maintien du général Petiet à la Guerre. Carnot et Barthélemy appuyaient les vœux des modérés, Rewbell et La

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