Portalis : sa vie, et ses oeuvres

98 PORTALIS Réveillère les combattaient, Barras évitait de se prononcer. Dans les derniers jours de messidor, c’est-à-dire vers le 15 juillet 1797, Portalis et Siméon se rendirent chez Barras, leur compatriote, avec qui ils avaient eu, en Provence, de fréquents rapports de famille: [ls lui offrirent, comme représentants du parti modéré, une franche réconciliation sur le terrain constitutionnel. Ils lui exposèrent le danger d’une rupture entre les Chambres et le Directoire, les appréhensions inspirées à la majorité par l'attitude du gouvernement, l'impossibilité de rétablir l'entente aussi longtemps que certains ministres, tels que Merlin et Ramel, resteraient au pouvoir, et la nécessité de prévenir un conflit dont l'issue était douteuse et qui ne pouvait, dans tous les cas, profiter qu'aux ennemis de la République.

Soit faiblesse, soit dissimulation, Barras parut ébranlé : il demanda un nouvel entretien pour le lendemain. Portalis et Siméon revinrent, accompagnés de Mathieu Dumas, et formulèrent nettement leurs conditions : ils exigeaient la nomination de Talleyrand aux Affaires étrangères, le remplacement de Merlin par Cochon à la Justice et le maintien du général Petiet au ministère de la Guerre. Barras, qui connaissait les intentions de Rewbell et de La Réveillère, s'engagea sans difficulté à faire nommer M. de Talleyrand ; mais il ne s’en tint pas là : il promit le maintien du général Petiet et même l'éloignement de Merlin. Un accord complet parut établi, et le peu scrupuleux directeur congédia ses hôtes en leur promettant son con”