Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS so

cours, « foi de gentilhomme républicain ‘. » Peu de jours après, le ministère était modifié : M. de Talleyrand entrait, selon les promesses de Barras, aux Affaires étrangères; mais Hoche était appelé à la Guerre, où Schérer allait le remplacer presque immédiatement: Merlin restait à la Justice, Ramel aux Finances, Lenoir-— Laroche succédait à Cochon et François de Neufchätéau prenait le poste de Benezech. Au même moment, une colonne de quatorze ou quinze mille hommes $approchait de Paris, répandant partout, sur son passage, Le bruit qu’elle allait mettre les Conseils à la raison.

Le parti constitutionnel avait été joué. Un coup d'État était imminent, et il devenait évident que les modérés seraient enveloppés dans la proscription des royalistes. Il y eut, chez Tronçon-Ducoudray, une réunion à laquelle assistait Pichegru et où les mesures les plus audacieuses furent discutées : quelques membres ne proposaient rien moins que la mise en accusation du Directoire ; mais les moyens d'action manquaient. Portalis et Thibaudeau le firent sentir à leurs collègues. Ils voyaient clairement les conséquences inévitables d’une série d’imprudences qu’ils avaient combattues en vain, et ils comprenaient qu’il ne restait plus qu’à succomber avec honneur.

Portalis garda jusqu’à la fin la plus noble attitude. Les deux derniers discours qu'il prononça au Conseil des Anciens ? furent empreints du même esprit de con-

1. Mathieu Dumas. Souvenirs, tome III, pages 4104 et suivantes. 2. Dans la séance du 9 messidor, il avait lu le rapport de la com-